Visite de l’orgue

L’orgue de la Cathédrale Saint-Pierre de Montpellier à la découverte de l’orgue à partir de la nef : le buffet

Cet orgue a été construit en 1778 par le facteur de Pézenas Jean François Lépine

  • une « carosserie » Louis XV.

deux plans

  • le positif dit « de dos », avec trois tourelles
  • le Grand Orgue, avec cinq tourelles inversées par rapport à celles du positif de dos
  • des tuyaux. Le visiteur peut compter 140 tuyaux en façade, mais derrière cette tuyauterie visible, à l’intérieur de l’instrument, une forêt sonore d’autres tuyaux en dissimule plus de 5000.
  • sur chaque tourelle, on peut distinguer des angelots jouant des instruments tels que trompette, lyre, hautbois, basson. Ces instruments sont là pour chanter la gloire de Dieu. Ces décorations sont aussi un signe de richesse et de puissance. Les anges du groupe central mesurent 1,70 mètre et sont à une hauteur de 22,50 mètres

On remarquera la dorure à l’or fin de l’instrument. Il a fallu pour réaliser l’opération 16.000 feuilles d’or à 22 carats, représentant un poids total de…32 grammes, soit 0,002 gramme par feuille. L’exécution de la dorure a été réalisée en 1992

L’ensemble tuyaux/boiseries, c’est-à-dire la partie visible de l’orgue, s’appelle buffet

L’orgue et le corps humain

On peut imaginer certaines ressemblances entre l’orgue et la voix humaine. C’est tellement vrai que les facteurs d’orgue du XIX siècle ont créé le jeu de « voix humaine ». Ce jeu est encore utilisé dans la facture d’orgue contemporaine. Il faut cependant avoir beaucoup d’imagination pour assimiler une telle sonorité à une quelconque émission de voix !
. les soufflets, véritables poumons, sont des réservoirs d’air. Autrefois, un système de soufflets mus à bras ou au pied, nécessitait derrière le buffet la présence d’un « souffleur » qui « administrait le vent »

soufflets du grand orgue

. les porte-vent qui distribuent le vent dans les différents jeux, c’est la trachée artère
. les tuyaux, c’est-à-dire le larynx les cordes vocales donc…des sons.

Les tuyaux

Dimension

Les plus grands tuyaux ont 32 pieds (x 33 cm) soit 10,5 mètres. Les plus courts sont de minuscules sifflets de 8 à 10 cm. Il n’y a pas lieu d’en construire de plus courts ou de plus longs car, à ce moment-là, on est confronté au problème des ultrasons et des infrasons. Il existe sur l’orgue Wanamaker de Philadelphie (USA) un jeu de 64 pieds (presque 22 mètres). Cependant,  en théorie, un tel jeu est délicat à utiliser du fait d’un temps de réponse supérieur à une seconde.

Forme

Les tuyaux peuvent être cylindriques, coniques, évasés, rectangulaires, ouverts, bouchés, percés.

Matériaux 

Bois (chêne, sapin rouge, noyer, érable, poirier), étain, étain plus plomb (c’est l’étoffe), étain plus cuivre (c’est l’aloi. Aloier ou aloyer, en vieux français, signifie faire un alliage. Cf. une pièce de monnaie de bon aloi). Antimoine, pour durcir l’ensemble du tuyau

Les catégories

Parmi les 5000 tuyaux de l’orgue de la Cathédrale Saint-Pierre de Montpellier il en existe plusieurs types

  • les tuyaux à bouche qui constituent la quasi totalité des jeux de « fonds » (les plus nombreux). Ils ressemblent à une flûte à bec : ils ont chacun leur propre longueur. Plus le tuyau est long, plus le son émis est grave. Dans cette catégorie, le son est provoqué par une colonne d’air qui entre en vibration dans le tuyau. On distingue les jeux de flûte (ou jeux ouverts) et les jeux de bourdon (ou jeux bouchés).
  • les tuyaux à anche. Ici, le son n’est pas émis par une vibration de l’air mais par une languette métallique qui, sous l’effet de la pression de l’air, se met à vibrer. La hauteur du son est déterminée par la longueur et l’épaisseur de l’anche elle-même. Bien sûr, la longueur du tuyau est proportionnée à l’anche. Le tuyau agit ici comme un résonateur.
  • les jeux de mutation. Leurs tuyaux sont accordés de façon à faire entendre non le son écrit (la note fondamentale) mais seulement une ou plusieurs de ses harmoniques. Cacophonie ? Non !
    • Pour avoir un caractère harmonieux, un son doit être accompagné d’un certain nombre de sons partiels. Sans cela, il nous apparaît comme faible, indéterminé, manquant de timbre. Or, c’est le cas de plusieurs jeux de fonds, les bourdons notamment. Ils peuvent passer pour fades et incolores. Mai si on leur adjoint, au moyen d’un jeu de mutation, les sons partiels qui leur font défaut, notre oreille n’a pas conscience du subterfuge et éprouve l’impression d’un son fondamental riche et bien timbré.

Comment le son d’un jeu est-il produit ?

Tous les tuyaux appartenant à un même jeu sont échelonnés par rang de taille et « plantés » sur une caisse en bois, hermétique, appelée sommier. Dans le sommier s’accumule et se comprime l’air envoyé par la soufflerie et qui ne peut trouver d’issue que par les tuyaux. Mais à l’état de repos, ces tuyaux sont fermés à l’air par un double mécanisme : les registres et les soupapes.

On peut se représenter schématiquement les registres comme de longues règles plates, glissant dans des rainures, sous chaque rangée de tuyaux, et percées de trous destinés à permettre l’arrivée dans ces tuyaux de l’air contenu dans le sommier. Grâce aux tirettes, à droite et à gauche de l’organiste, ce dernier fait mouvoir les registres de façon à ouvrir ou fermer à la fois tous les tuyaux des différents jeux qu’ils régissent. D’où leur nom de registre.l

Un jeu étant ouvert, c’est-à-dire son registre ayant glissé dans sa rainure de l’espace nécessaire pour amener chacun de ses trous en face du tuyau correspondant, l’air n’y pénètre pas encore. En effet, chaque tuyau, à l’état de repos, a son orifice inférieur clos par une soupape, qui ne peut être ouverte que par l’abaissement d’une touche du clavier.

Ainsi donc, au moyen d’un registre, l’organiste fait appel à tout un jeu et, par une touche du clavier, il commande à une note précise de ce même jeu.

La console

Elle comporte tous les claviers manuels et de pédale, les tirages de jeux, les tirasses, les accouplements, les combinaisons.
* 4 claviers : le grand orgue, le positif de dos, le récit (expressif), le positif de poitrine ou positif intérieur.
* Aux pieds de l’instrumentiste se trouve le pédalier : l’organiste utilise donc les pieds en même temps que les mains ! Il y a bien sûr des doigtés pour le pédalier : l’organiste joue en bougeant ses deux pieds : talons et pointes.
* Les registres (ou tirants de jeux ou jeux), correspondent chacun à l’un des 60 timbres de l’orgue de la Cathédrale de Montpellier. Ils sont disposés de chaque côté des claviers. Ils peuvent être appelés par des combinaisons dites libres ou fixes. (16 combinaisons x 16 séries).

Othar Chedlivili,
organiste titulaire